La prochaine variable à évaluer dans l’équation de Drake est « le pourcentage de ces planètes habitables où la vie intelligente s’est développée ». Ce point est peut-être celui qui est le plus vivement débattu présentement.
Abondance de la vie extra-terrestre intelligente
M. Carl Sagan, dont nous avons déjà discuté, semblait croire fermement à la
présence de plusieurs civilisations avancées dans notre
galaxie. L'argument principal de cette croyance est que le nombre d'étoiles
est si élevé qu'il semble tout à fait possible qu'une ou plusieurs autres
planètes puissent détenir à peu près les mêmes conditions environnementales que
La découverte de la pyramide de la complexité confirmerait ces
derniers dires.
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Illustration de M. Félix Pharand, Parc du Mont Mégantic |
Selon cette pyramide, lorsque les conditions le permettent, l'univers tend
vers toujours plus de complexité. Ainsi, les conditions le
permettant, l'univers, aussi loin qu'on l'observe, semble avoir franchit les
premières étapes de la complexité. En effet, les 3 premiers étages
de la pyramide (quarks-électrons, protons-neutrons et atomes) ont été montés partout
dans l’univers observable. Les 3 dernières étapes (cellules,
organismes et conscience) ne semblent, pour l'instant, n'avoir été franchises
que sur
Selon cette pyramide, il semble logique de croire que, sur une planète
réunissant les mêmes conditions ou presque que
Pas de vie extra-terrestre intelligente
La récente publication de « Rare Earth » par Peter D. Ward, un paléontologue, et Donald Browlee, un astrophysicien, penche de l’autre côté. Selon ceux-ci, si la vie microbienne n’est pas rare dans la galaxie, il en est tout autrement pour ce qui est de la vie intelligente. La vie intelligente semble demander tellement de conditions pour se développer qu’il serait improbable que toutes ces conditions aient pu êtres réunies pour d’autres planètes, peu importe le nombre astronomique d'étoiles dans le ciel. Parmi les conditions, citons une étoile ni trop chaude ni trop froide à la durée de vie assez longue, une distance de la planète hôte ni trop grande ni trop courte de cette étoile, la présence d’une planète géante gazeuse très massive (Jupiter) faisant office de bouclier en attirant les astéroïdes et comètes et aidant par le fait même la stabilisation de l’environnement de la planète hôte, un axe d’inclinaison permettant à l’ensemble de la planète d’avoir un climat relativement régulier, des mouvements de plaques tectoniques permettant le renouvellement du sol et de l’atmosphère, etc. |
Cette dernière argumentation ne va pas à l'encontre de la pyramide de la complexité, elle spécifie simplement qu'il semble improbable qu'une autre planète puisse réunir toutes les conditions nécessaires au développement de la vie intelligente.
Contestation de la pyramide
Un autre argument mentionné par les évolutionnistes qui ne croient pas en l'abondance de la vie extra-terrestre intelligente est que la pyramide de la complexité n'est peut-être qu'une mauvaise interprétation faite par certains scientifiques et non applicable à l'ensemble de l'univers.
Ainsi, au lieu d'être le sommet de l'évolution comme on l'a cru longtemps,
l'être humain ne serait que l'une des milliards de possibilités (10???,
on ne sait pas précisément le nombre total de possibilités que la nature
occasionne) que permet la sélection naturelle. Si ceci est le cas,
il se pourrait très bien que sur une autre planète aux conditions similaires à
celles de
Schéma évolutif
Évolution qui peut être perçue: |
Évolution observée: |
Selon le graphique précédent, on voit bien que l'évolution n'est pas
linéaire, de la bactérie à l'homme, mais que l'évolution se produit dans toutes
les branches. Ainsi, même si, à la suite d’une (ou plusieurs ?)
mutations, l’homme est « descendu » du singe, celui-ci n’est
pas pour autant disparu de la surface de
Selon les connaissances actuelles, toute la vie sur Terre se serait développée à partir de trois branches initiales : les archéobactéries, les bactéries (unicellulaires sans noyau) et les eucaryotes (unicellulaire avec noyau). Ces 3 branches contiennent l’ADN propre à la vie.
Ainsi, la base de l’arbre généalogique de la vie est l’ADN et de cette base est « poussée » (apparue) 3 troncs distincts. Par la suite, l'évolution s'est produite au sein de chacun de ces troncs et les mutations (erreurs de copiage) ont fait en sorte que les 3 troncs initiaux se sont divisés en branches. Dans le « tronc » des bactéries, il y a les staphylocoques, les actinomycètes, etc. Dans le « tronc » des eucaryotes, nous retrouvons les 4 règnes, à savoir les protistes (protozoaires et protophytes), les métazoaires (animaux), les champignons et les métaphytes (végétaux). Les chercheurs en phylogénétique n’ont toujours pas trouvé d’embranchement au « tronc » des archéobactéries.
Arbre généalogique
de la vie
Nous, êtres humains, voyons, de notre position dans l’arbre généalogique de la vie, le cheminement apparent de l’évolution de la vie des eucaryotes vers nous et en concluons à une tendance de l'univers vers la complexité, mais ce point de vue semblerait erroné. L'homme ne serait pas une étape sur le chemin de l'univers vers plus de complexité, mais seulement une forme de vie qui a émergée de centaines de mutations, d'erreurs de copiages faites par la nature, et qui survit, pour l'instant et comme des millions d'autres formes de vie sur Terre en 2002, à la sélection naturelle. L’univers ne tendrait donc pas nécessairement vers plus de complexité…
Comme vous le voyez, le débat est complexe. Il rejoint, dans ses détails les plus minutieux, le débat ayant lieu sur la part de hasard et de nécessité dans la nature. Normalement, ces confrontations se terminent par une prise de position par rapport à la mécanique quantique.
Nous pourrons préciser cette dernière affirmation selon vos désirs mais, pour l'instant, nous nous contenterons de conclure qu'aujourd’hui, la plupart des scientifiques concernés croient que la vie intelligente, si elle n’est pas unique, est du moins très rare dans l’univers. Même Hubert Reeves, autrefois plus rapide à proclamer la tendance de l’univers vers plus de complexité, se rétracte et demeure prudent sur le sujet.
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FOL, C.,"Le lien cosmique", documentaire de l'ONF, 51 minutes.
VERON, G.,« Organisation et classification du règne animal », éditions Dunod, 2000, p. 10 et 17.
http://www.ucmp.berkeley.edu/alllife/threedomains.html
Le Petit Larousse illustré 2000 , éditions Larousse, 2000, 1784 p.